John LENNON - Plastic Ono band

Publié le par Kul

Celui qui forma avec Paul McCartney l’une des paires de compositeurs les plus importantes de la musique pop, va dans l’immédiat après Beatles enfanter coup sur coup deux chefs-d’œuvre (Plastic ono band en 1970, puis l’année d’après Imagine ) avant de sortir plus épisodiquement des albums moins inspirés et oubliables (Sometimes in New-York city, Mind games, Walls & bridges). Après la publication en 1975 de  Rock’n’roll, constitué uniquement de reprises, John le scandaleux s’enferme dans son immeuble New-Yorkais pour se consacrer à sa tâche de père de famille et met ainsi sa carrière entre parenthèse pendant près de 5 ans. Il sort de son silence en 1980 avec un album partagé pour moitié avec son épouse Yoko Ono (Double fantasy). L’album est en soi un événement puisqu’il met un terme à une longue absence discographique, même s’il s’avère musicalement décevant. Lennon a alors une foultitude de projets en tête dont celui de remonter sur scène. Mais, les balles d’un déséquilibré en décembre 1980, mettront un terme à tout projet et tueront définitivement l’espoir d’une reformation des Beatles.

 Plastic Ono band (1970)

Mother / I found out / Working class hero / Isolation / Remember / Love / Well well well / Look at me / God / My mummy's dead

Avec Plastic Ono band, l’ex-Beatles en pleine déréliction et thérapie du cri primal Janovienne livre à la planète pop le premier disque confession. Cet acte d’un désespéré sur le chemin de la guérison sera imité à de nombreuses reprises sans, à quelques exceptions près, y retrouver cette sincérité poignante. Ce disque écrit à la première personne, dans lequel il se livre sans fard, est enchâssé dans un chiasme où le tendre et bouleversant « My mummy is dead »  répond douloureusement au martial et distant « Mother » ouvrant l’album. Le disque oscille entre violence (« I found out », « Well, well, well », « Remember ») et tendresse douloureuse (« Love », « Look at me », « Isolation »). Lennon y assène ses combats sociaux (l’important « Working class hero ») et ses vérités révélées (l’extraordinaire « I found out »). Tout y passe, ses origines sociales, ses parents, son statut de star adulée, ses problèmes relationnels, son encombrante image d’ex-Beatles qu’il révoque avec « God », inventaire-confession des désillusions d’un être en quête de sa véritable identité. Le « rêve est fini » annonce Lennon : il vient, sans le savoir, de mettre un terme aux années 60.  Avec la dernière chanson de l’album, la boucle est bouclée et l’auditeur ressort abasourdi de cette vertigineuse introspection confiée au public. Lennon est parvenu à la prouesse de livrer un album confession, sans concession qui ne cède ni à la facilité, ni ne sombre dans le voyeurisme et le vulgaire. Il faut saluer le travail accompli par Spector (co-producteur), Ringo Starr (Batterie) et Klaus Voorman (Basse) donnant à cet album un son brut si particulier, entre minimalisme et reliquat du son Beatles période Double blanc, permettant à Lennon de développer une prestation vocale tout simplement ahurissante, quelque soit le registre employé.

Album exigeant, moins facile d’accès que le suivant (Imagine), il est sans doute la contribution la plus importante – hors période Beatles – qu’a livré Lennon à l’histoire de la musique populaire.

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