Lucide BEAUSONGE - Où que tu ailles...

Publié le par Athalide

Lucide Beausonge - Où que tu ailles...

Native du Nord, elle enregistre son premier album en Belgique après un voyage effectué au Québec. Le casse-tête enregistré en 1978 et paru en 1980 démontre déjà toutes les qualités de cette jeune musicienne. Les ventes restent confidentielles mais ce disque lui permet de se faire connaître auprès des professionnels et des médias.
Fraîchement installée à Paris, elle signe chez RCA et enregistre « Lettre à un rêveur » qui rencontre, à la rentrée 1981, un énorme succès. Elle sort dans la foulée l’excellent Africaine (avec la merveilleuse "Sans concession"), puis Ombre, plus sombre que le précédent mais traversé par d’excellentes compositions (« L’oiseau », « Mort d’une étoile », et surtout « Des mots qui me plaisent » et « Du soleil dans les yeux »). L’année suivante paraît Fugueur, mini LP avec le remarquable « 1984 ».
Deux ans plus tard paraît sur un label indépendant Pas déranger, regorgeant d’excellentes compositions même si la production est trop typée 80. Le disque mal promotionné est voué à la confidentialité.
1987, année terrible, est marquée par un grave accident de la route et le décès de son compagnon. Elle s’en sort avec de graves blessures la contraignant à abandonner la guitare pour le piano.
Après un an de rééducation, elle revient à la musique par la scène. Puis sort en 1990 l’excellent Où que tu ailles..., album du retour à la vie.
En 1991 elle fait paraître le très bon En concert où les compositions accompagnées d’un piano et d’un quintette à cordes prennent une nouvelle dimension.
Avec le disque suivant, Lucid opère un changement total de direction car avec De Mozart à Bernstein elle retourne aux sources en interprétant les titres classiques qui l’ont accompagnés depuis son enfance.
Elle nous revient en 1996 en pleine forme avec le très bon Primitive, suivi cinq ans plus tard du médiocre Laissons passer l’amour (avec pourtant le splendide « Où se trouve ma place ? »). Entre temps elle a enregistré la chanson du très émouvant Le soleil au-dessus des nuages
premier film de Eric Le Roch avec Daniel Prévost dans le rôle principal. En 2005 est paru une nouvelle compilation incluant des titres inédits.

Où que tu ailles... (1990)

Que peut-il faire à cette heure-ci sans moi ? / Où que tu ailles… / Ne me dites plus jamais / Les solitaires / C’est une femme allant sans peur / Nuits blanches / Qui suis-je ? / Va jusqu’au bout / Les solitaires

On peut trouver que la production a mal vieilli, que les arrangements ne sont pas toujours heureux, on peut pester contre tout cela… et pourtant miraculeusement l’essentiel est sauvé : l’authenticité des textes, la beauté de l’interprétation avec cette voix émouvante et pure qui s’envole si haut et ces compositions dont l’évidence mélodique en impose.

Avec le recul, Beausonge n’a pas eu la carrière qu’elle méritait. Une audience confidentielle et une critique dédaigneuse auront eu raison d’elle. Pourtant, il s’en ai fallu de peu pour que « Les solitaires » soit un standard, elle en avait la qualité et le calibre car Beausonge, la lucide, la confidente des matins blêmes, des sommeils perdus et des destins brisés est une merveilleuse mélodiste et une exceptionnelle interprète.

Où que tu ailles… intervient dans un contexte douloureux. Lucide Beausonge gravement blessée dans un accident de la route dans lequel elle a perdu son compagnon, raconte pudiquement sa douleur. De ce traumatisme profond, elle puise la force de l’album. Elle dit ces « Nuits blanches », ces interrogations (« Qui suis-je ? ») cette douleur et cet amour qui irradie jusqu’après la mort (« Où que tu ailles ? »). Elle dit l’incompréhension des proches, leur maladresse (« Ne me dites plus jamais » compte parmi ses plus beaux textes). Après un hommage à sa mère (« C’est une femme allant sans peur »), « Les solitaires » formidable réservoir d’énergie et d'espoir ferment de la plus belle manière un disque à la beauté douloureuse.
Ce disque a reçu un Grand prix de l’Académie Charles Cros, amplement mérité.

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