Marvin GAYE - What's going on ?

Publié le par Kul

Ce fils de pasteur débute sa carrière comme batteur de studio, mais son ambition est de devenir chanteur. Il y parvient tant et si bien qu’il s’impose comme l’une des figures de proue de l’écurie Motown, chez qui, durant les années soixante, sa carrière oscille entre bluettes légères et sucrées, duos inoubliables (« Ain’t no mountain high »), duos épouvantablement mielleux et tubes en acier chromés garantis inoxydables (« Can I get a witness », « I heard it through the grapevine »). À l’orée des années 70, sa carrière prend un tour fort différent, moins commerciale et plus politique. Pourtant, ces années marquent le début d’un déclin car l’homme est en proie à des difficultés sentimentales et à des problèmes de drogues et d’alcools. Marginalisé, exilé un temps en Europe, il revient au début des années 80 avec un album surprenant et un hit fracassant (« Sexual healing »). Malheureusement, si l’artiste se redresse, l’homme continue de sombrer entre drogues, alcool et dépression. Revenu au domicile familial pour y trouver réconfort et pour tenter de surmonter ses démons, il sera abattu par son père au cours d’une altercation dans la maison familiale, ce dernier craignant pour sa vie.

 What's going on (1971)

What's going on / What's happening brother?/ Flyin' high (in the friendly sky) / Save the children / God is love / Mercy mercy me (the ecology) / Right on / Wholy holy / Inner city blues (make me wanna holler)

Paru en 1971, What's going on est sans doute une des plus belles face A de toute l’histoire discographique pop et un album à l’image de son auteur : la classe et l’élégance personnifiée. Si le disque débute par un tube (et quel tube !), « What’s going on », les plages suivantes enchaînées les unes aux autres entraînent l’auditeur sur des rivages lointains, porté par la voix envoûtante du grand Marvin qui n’a peut être jamais aussi bien chanté. Côté texte, l’icône de la Motown aborde la désespérance de ses compagnons de misère en échangeant, pour une chanson, sa place avec son frère envoyé au Vietnam pour le bouleversant « What’s happening brother ? » narrant le retour au pays d’un GI. Puis, il égrène comme un chapelet les thèmes au cœur de ses préoccupations : la drogue (avec le déchirant et douloureux « Flyin’ high in a friendly sky »), l’avenir de la planète et des enfants (« Save the children »). Mais l’album, qui dresse un amer constat de la situation du monde, ne sombre pas dans le désespoir car Marvin Gaye a trouvé la solution à tous ses problèmes : Dieu. Et aussi athée qu’on puisse être, on se laisserait bien convertir à l’écoute de « God is love » tant sa joie de chanter est communicative. Loin de s’arrêter en si bon chemin, Marvin poursuit son combat pour l’écologie avec le splendide « Mercy, Mercy me ». La suite de l’album pourtant de qualité (« Inner city blues ») ne peut qu’être occultée par cette première face proche de la perfection. Marvin Gaye a donné là, il le sait, son chef-d’œuvre. Sur le superbe cliché de la pochette, son visage semble exprimer la fierté qui le partage à la détermination des combats à mener.

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F
Personnellement, je n'ai pas du tout réussi à rentrer dans cet album. Ayant manqué de m'endormir plusieurs fois après deux écoutes, j'ai fini par le ranger dans un coin de ma discothèque où je ne vais jamais le chercher.
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