LED ZEPPELIN - Led zeppelin IV
Led Zeppelin est à juste titre considéré comme le pionnier de ce que l’on appelle aujourd’hui le hard-rock. Ce quatuor britannique composé majoritairement de requins de studios va révolutionner la pop en systématisant un traitement sonore caractérisé par une guitare omniprésente, une basse et une batterie lourdes et un chanteur à la voix haut perchée ouvrant ainsi la voie à une multitude de suiveurs. L’aventure Led Zeppelin est avant tout une immense opération de recyclage (certains parleraient de pillage) du patrimoine rythm’n’blues et rock consistant à radicaliser le traitement des titres en mettant à vif les arêtes les plus saillantes. Le tout débouche sur une musique excellemment bien produite qui, à défaut d’être nouvelle, est originale. Par la suite, d’autres groupes s’engouffreront dans la brèche ouverte par le dirigeable de plomb en radicalisant encore davantage le traitement afin de faire oublier les racines rythm’n’blues du début : jouer de plus en plus vite, de plus en plus fort et hurler de plus en plus haut. Chose étonnante cette musique issue du fond commun de la musique noire ne comptera, parmi ses représentants les plus fameux, aucun membre de cette communauté. Cette dernière préférera le Reggae ou le Rap comme véhicule de leurs revendications sociales et de leurs luttes. Ce choix est révélateur, il indique combien ce type de musique est finalement vain et superficiel : le hard-rock contrairement à l’image de révolte et de violence qu’il affiche, n’est absolument pas un véhicule de rébellion et de revendication sociale. Le hard-rock, encore plus que le rock, est foncièrement misogyne et réactionnaire : il est au mieux un défouloir au pire inepte.
LED ZEPPELIN IV (1971)
Black dog / Rock'n'roll / The battle of evermore / Stairway to heaven / Misty mountain hop / Four sticks / Going to California / When the levee breaks
La rationalité commanderait de choisir parmi les deux premiers albums du dirigeable tant ils contiennent déjà le principal, à savoir les bases du hard-rock. Le choix de Led Zeppelin IV est presque entièrement dû à la présence sur ce disque de " Stairway to heaven ", un des chocs musicaux absolus qui vous met, à la première écoute, la tête en feu. Ce titre est une immense synthèse où l’on trouve tout à la fois le bucolisme de la ballade d’un vieux trouvère avec guitare et flûte, l’esprit rock avec l’entrée de la section rythmique carrée et ce final où s’opère le déchaînement des éléments entraîné par Page le sorcier qui livre un chorus de guitare d’anthologie avant de finir sur la puissance vocale jubilatoire de Plante. Pour le reste l’album paraît presque s’effacer devant ce roc monumental. Pourtant il recèle d’excellents titres tels le très mystique et moyenâgeux " The battle of evermore", ou les musclés "Black dog" et " Goin’ to California " en passant par le rock revisité (" Rock'n'roll "). Avec cet album le groupe termine l’écriture d’une page essentielle du rock, les opus suivants chercheront à explorer d’autres pistes, prenant de plus en plus de liberté avec le fond commun rhythm’n’blues pour se diriger vers une musique plus progressive.